Les différentes classes d’hydromel

Miel fermenté dans de l’eau, l’hydromel est un breuvage qui dispose de plus d’une cinquantaine de variantes, la production étant très largement artisanale

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Publié le 25 septembre 2019, mis à jour le 11 novembre 2025 - Grégoire du Penhoat
Goûter au chouchen

Selon les variantes, on rapproche le chouchen breton de l'hydromel ou du fructimel
 
Mais qu’est-ce qu’un hydromel au juste ? En réalité, on ne compte guère qu’un hydromel mais bien des hydromels. Véritable « boisson des dieux », elle n’en demeure pas moins ancestrale. L’hydromel dispose aujourd’hui de nombreuses variantes plus ou moins connues. Elles sont aussi parfois l’acabit de régions précises. On dénote par exemple le désormais célèbre « chouchen » en Bretagne.

Comment s’y repérer ?

Les hydromels appelés comme tels se regroupent en 3 catégories. Elles sont aujourd’hui régie par le décret de la composition officielle de l’hydromel.
L’hydromel est, comme la plupart des alcool, d’une composition relativement simple et se résume à 3 ingrédients uniquement : du miel, de l’eau, et des levures de vin.
La fermentation de miel étant par nature assez élaborée, le sucre n’est pas consommé en intégralité par les levures.
Le producteur peut également choisir lui même d’interrompre plus ou moins tôt le procédé de la fermentation.
Ceci permet d’ajuster la teneur en sucre de l’hydromel durant la phase de fabrication, avec une incidence directe sur son degré d’alcool.
On peut donc classer les hydromels dans trois catégories :
  • Les hydromels secs : souvent peu sucrés, on en distingue davantage les teneurs en miel. C’est donc la catégorie d’hydromel qui aura connu la plus longue phrase de fermentation, les levures ayant bénéficié de davantage de temps pour consommer le miel. La teneur en alcool est donc logiquement plus élevée.
  • Les hydromels demi-secs : version la plus courante, ils présentent une boisson légèrement sucrée et dite « moelleuse ». Le teneur en sucre, issue du miel, étant toujours relativement présente, confère à la boisson un aspect gustatif plus doux, lissant les saveurs parfois fortes du miel.
    Dans le cas d’un chouchen breton fait de miel de sarrasin, la saveur caractéristique du sarrasin sera davantage présente, toujours généreusement sucrée.
  • Les hydromels pétillants : beaucoup moins répandus, certains hydromels développent la particularité d’être pétillants. Les bulles apparaissent avant tout sous l’effet d’une fermentation qui se maintien en bouteille.
    Le résultat est ainsi très appréciable : une boisson sucrée au goût de miel, qui vous salue d’abord par quelques bulles au palais.
 
Certains hydromels se marient très bien avec d'autres ingrédients en cocktail.
On peut faire d’excellents cocktails grâce à l’hydromel, tant ils sont variés.

La grande famille des mélomels et fructimels

La fermentation de miel a toujours été un défi pour les producteurs.
D’abord parce que le miel est un produit certes sucré, mais dont les propriétés résistent naturellement à la fermentation. Celle-ci ne se produit que dans des conditions spécifiques : généralement dans un environnement sec et suffisamment chaud (aux alentours des 25 degrés afin d’entrainer une fermentation).
Avant l’arrivée des méthodes modernes, il était monnaie courante que la fermentation s’estompe subitement. Une cave pas assez sèche, un climat trop humide, une hiver trop froid, une eau pas assez pure, un miel pas assez raffiné : nombreuses étaient les causes qui pouvaient interrompre une phase de fermentation.
Les producteurs devaient alors ajouter des levures extérieures pour maintenir, voire relancer la fermentation.
Il s’agissait le plus souvent de fruits que l’on trouvait aux environs de la terre du même producteur. Les ajouter permettait alors de mener la fermentation de manière plus clémente, et d’ajouter un goût particulier à la boisson ainsi réalisée.
Les frutcimels ou mélomels ajoutent de la saveur, notamment en cocktail.
Le fructimel ouvre d’autant plus de possibilités de mariage avec différents ingrédients

Comment reconnaître un meddyglyn ?

« Meddyglyn » est un terme gaëlique, qui désigne plus généralement les « hydromels aromatisés ». L’origine du mot meddyglyn tient d’abord des mots « meddyg » qui signifie « guérison » et « llyn » que l’on attribue à « liqueur ».
À la différence des mélomels, le meddyglyn est un hydromel pourvu de plantes et d’épices. L’hydromel a depuis les temps les plus anciens été gage de nombreux atouts. Boisson des dieux d’abord, mais aussi des guerriers, il est également vanté pour ses vertus médicinales. Il n’est donc pas étonnant que certains se soient essayés à y ajouter des plantes aux vertus bénéfiques. Chimiquement, le miel et le sucre contenus dans l’hydromel sont aussi des vecteurs dynamiques pour l’organisme, favorisant l’intégration des plantes qu’il contient.
 
Les parfums de meddyglyn que l’on retrouve le plus fréquemment sont les suivants : thé, vanille, gingembre, zeste d’orange, noix de muscade, coriandre, cannelle, clous de girofle.
 
On attribue au meddyglyn d’autres noms tels que le mellite ou le metheglin.© Pinterest via hilltopberrywine.com
On attribue au meddyglyn d’autres noms tels que le mellite ou le metheglin.© Pinterest via hilltopberrywine.com
 

Les hydromels les plus artisanaux

L’hydromel dispose finalement de plus d’une 50aines de variantes. La production étant très largement artisanale, certains producteurs n’hésitent pas à mener des tentatives avec des additifs bien à eux.
Parmi toutes ces versions, deux sont à retenir :
  • Le bièromel : hydromel agrémenté d’une dose de malt, également apte à fermenter. La préparation aboutit donc à une sorte de lointain cousin de la bière si l’on peut dire. Ces hydromels ne sont guère courants. En grande partie artisanaux, on en retrouve certains en vente aux États-Unis.
  • L’œnomel, oxymel ou omphacomel : c’est tout simplement un fructimel à base de raisin. De ce fait on le rapproche de son cousin le vin, lui aussi fermenté.

Où trouver le chouchen dans tout cela ?

Le chouchen fait l’objet de nombreuses controverses quand à sa composition autorisée, et de savoir ce qui fait de cette boisson un véritable chouchen. La Bretagne étant avant tout une terre humide et plutôt froide, la fabrication d’hydromel y est historiquement compliquée. Les fermentations s’arrêtent, reprennent, on tente différents subterfuges pour la relancer entre temps, aboutissants
parfois à de nouvelles recettes.
L’on peut alors tenter de classer les chouchen bretons de la manière suivante :
  • Les chouchen hydromel : ils sont composés exclusivement de miel, d’eau et de levures. C’est à dire fidèles à 100% à la recette officielle de l’hydromel. Les seules particularités que l’on peut leur alors attribuer par rapport à un hydromel classique sont leur fabrication en Bretagne, ou encore l’origine bretonne de leurs miels (point également discuté par certains producteurs).
  • Les chouchen fructimel : ce sont les chouchen à qui l’on ajoute pour le plus souvent du moût de pomme. La pomme étant un fruit tout à fait commun en Bretagne, il n’est pas rare que certains producteurs en disposent à portée de main.
    De plus, nombre d’exploitations de cidre fabriquent elles-mêmes leur chouchen breton. Elles en profitent alors pour utiliser quelques composants du cidre. Au goût, la pomme et le miel procurent alors un mariage qui n’est pas déplaisant.
  • Quelques producteurs appliquent également à leurs chouchen des techniques issues du vin. Ils entreprennent alors de les vieillir en barriques de bois, ou encore de travailler la qualité de l’eau et du miel. On pourra alors trouver des chouchens vieillis en barriques de chêne, à l’image du défunt Pierre
    Dassonville.
Différents chouchen bretons
Un chouchen fouesnantais à gauche, le lozachmeur au mileu, et un chouchen de Plouescat à droite.

Que signifient alors Chufere et Chamillard ?

Héritage de l’histoire ou tradition familiales, la Bretagne revit ses heures anciennes grâce à la préservation de certaines recettes parfois oubliés. Souvent l’apanage d’une fierté locale, elles correspondent surtout à des origines géographiques très précises.
L’on trouvera ainsi le Chamillard dans la partie Est des Côtes d’Armor. Véritable hydromel breton, il prend vie grâce au travail de la famille Barbé à Merdrignac.
Il a par ailleurs décroché pas moins de 4 médailles Concours Général Agricole : bronze en 1994, argent en 1997 et 2002, et or 1995.
Bien plus au Sud dans la région de Baye (Finistère), l’on retrouve Patrick Olichon qui aura fait le pari de ressusciter un chouchen pétillant : le chufere.
Celui-ci titre 8,5 degrés, un peu moins qu’un chouchen classique qui en afficherait jusqu’à 14.
Monsieur Olichon le décrit comme une « boisson pour faire la fête ». On y distingue en plus du goût du miel, une légère saveur de pomme. Le sucre aidant, le mélange se marie en effet très bien aux occasions festives.
Une bouteille de chufere, variante du chouchen breton
Le chufere de Patrick Olichon.
 
Vous aurez alors compris que les hydromels sont nombreux et qu’ils n’ont surtout pas fini d’évoluer. On discerne par exemple un rapprochement des techniques liées au vin dans certains cas. Boisson
ancestrales peut-être, mais son florissement actuel laisse pour autant augurer de longues années !
 
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Sources :
 
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